INSTITUTEURS 14/18

Divers


Les instituteurs de Côte d'Or "Morts pour la France"

Un article du Bein Public évoque le loud tribut des instituteurs de la Côte d'Or :

 

Côte-d'Or - HistoIre. Dijon : pourquoi autant d’instituteurs décimés pendant la Grande Guerre ? (bienpublic.com)

 

 


25/09/2023
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Les instituteurs et l'armée

La voie royale pour devenir instituteur ou institutrice avant la première guerre mondiale était d'entrer à l'Ecole Normale. C'est rester vrai jusqu'en dans les années 1990/1991 date à laquelle les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres se sont substitués aux antiques Ecoles Normales.

 

En 1914, pour prétendre à y entrer les postulants devaient être titulaires du Brevet Elémentaire Supérieur préparé lors des 3 ou 4 années passées dans une Ecole Primaire Supérieure (1) après un concours  assez relevé pour l'époque et nombreux-ses candidat-e-s étaient recalé-e-s.

 

Une fois le concours obtenu, l'élève-maître-sse allait passer 3 ans à l'Ecole Normale sous le régime de l'internat. 3 ans d'étude prise charge pat l'Etat hormis le trousseau qui doit être fourni par l'élève. "Trousseau si conséquent qu'il était parfois difficile à financer pour les élèves issus de familles modestes" (1) et pour lesquels des aides peuvent être sollicitées.

 

Le règlement est strict et l'uniforme est de rigueur : redingote pour les garçons, le robe pour les filles et pour la couleur pas de fantaisie : ce sera le noir. Les hussards noirs chers à Péguy de la République étaient nés !

 

En contrepartie  de ces trois années de formation, le futur maître ou future maîtresse signera un engagement de servir dix ans au moins dans l'instruction publique primaire. Ce système perdurera jusqu'en 1991.

 

Compte tenu de cet engagement , la Loi du 18 mars 1818 permet aux futurs instituteurs d'être dispensés suivant les époques de tout ou partie de service militaire.

 

Le  la loi Barthou15, dite loi des trois ans, allonge le service militaire à 3 ans. Le recensement des appelés s'effectue à 19 ans au lieu de 20 précédemment, abaissant l'âge d'incorporation de 21 à 20 ans. (La classe 1913 est incorporée en 1913 et non 1914).

 

L'entrée à l'Ecole Normale s'effectuant vers l'âge de 18 ans, le futur instituteur est néanmoins contraint de passer son Conseil de Révision pendant ses études.

 

Avec la guerre plus de dispense ni d'exemption et nombreux sont les normaliens contraints d'interrompre leurs études pour répondre à l'ordre de mobilisatio

 

Pour en savoir plus :

 

"Retracer la carrière d'un instituteur" de Marie-Odile MERGNAC. Archives et Culture 2011.

 

 

(1)L'enseignement primaire supérieur (E.P.S.) est un ordre d'enseignement qui a existé en France entre 1833 et 1941. Il est supprimé par Jérôme Carcopino qui sépare les écoles primaires supérieures de l'enseignement primaire en les transformant en collèges modernes (1941). Une partie survit dans le cadre des « cours complémentaires » donnés dans le Primaire, mais disparaît en 1959.

Cet enseignement était suivi par les élèves après l'école primaire proprement dite, mais relevait toujours de l'enseignement élémentaire et non de l'enseignement secondaire. Il était délivré soit dans les écoles primaires sous forme de « cours complémentaires », soit dans des établissements scolaires spécifiques appelés dès lors écoles primaires supérieures (EPS). (source : wikipédia)

 

 


18/11/2019
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Sortie scolaire au monument aux morts

Centenaire de la première guerre mondiale oblige, j'ai emmené ma classe de CM1 voir le monument aux morts de la commune dans laquelle j'exerce en banlieue parisienne.

L'objectif de la sortie, outre d' aller voir le dit monument, était également de prendre le maximum d'indices pour pouvoir travailler ensuite en classe sur la symbolique qui y est attachée et à l'occasion relever les noms de quelques poilus de la commune afin d'en savoir un peu plus sur leur histoire.

Je me suis appuyé pour cela sur le dossier élaboré par l'ONAC*  de Loire Atlantique.

 

monuent aux morts.jpg

Le monument aux morts est situé dans le cimetière communal et je m'étais rendu quelques jours auparavant sur les lieux afin de préparer cette sortie et prendre quelques photos.

Afin de mettre toutes les chances de mon côté, je me suis assuré également auprès du gardien du cimetière qu'il n'y aurait pas d'inhumation ce jour précisément afin que les enfants ne perturbent la cérémonie.

Le jour J, j'avais demandé à 3 parents d'élèves de m'accompagner pour encadrer les élèves et  travailler par petits groupes sur le site.

Il peut paraître bizarre à certains d'emmener des enfants au cimetière mais les objectifs de la visite ayant été bien expliqués, je n'eus aucun refus des familles.

Dans ce genre de visite, il convient de préparer également les enfants afin d'éviter tout débordement de comportement et de lever toutes les craintes et réticences quant à la nature du lieu.

Nous voilà donc partis dans le froid...

Une fois sur place, les enfants disposaient d'un questionnaire que nous avions lu et expliqué lors d'une séance précédente. Ils savaient tous ce qu'ils devaient chercher !

Ils devaient entre autre repérer la forme du monument (ici un obélisque) , son implantation ; relever les symboles représentés sur le monument ( palme / couronne de lauriers / rameau d'olivier ),  la phrase qui y est gravée.

Ils devaient relever également  quelques noms figurant sur le monument aux morts.

Un autre intérêt de ce monument est qu'il  se situe dans un espace bien identifié dans le cimetière entouré d'autres monuments aux morts (2nd guerre, Indochine, Algérie)  mais aussi d'un carré militaire où sont enterrés une vingtaine de poilus et quelques soldats de 1939-1945.

Les questions et les observations fusent :

-"Tiens il y a plusieurs fois le même nom sur le monument ! Etaient-ils de la même famille ?"

- "Maître, il y a les mêmes noms sur le monument et sur les tombes !"

-"Mais pourquoi y-a-t-il plusieurs monuments ? Y aurait-il eu d'autres guerres ? "

Aucun enfant n'a pu repéré son nom de famille car aucun de leurs parents ou de leurs grand-parents n'étaient originaires de la commune ce qui est somme toute normale pour une commune dont la population s'est fortement accrue ces quarante dernières années.

Mais si tel avait été le cas, ce soldat mort pour la France était-il de ma famille ? Qui était-il ?

Rentrés à l'école, nous faisons une synthèse des réponses obtenues et un recueil des questions qui se posent encore sur le monument en premier lieu, mais aussi sur ces soldats et sur la Grande Guerre

Lors de la séance suivante, j'ai projeté aux élèves un diaporama représentant différents monuments aux morts afin de les comparer avec "le nôtre", de repérer des points communs ( les symboles ) voire les différences sans oublier le célèbre monument aux morts, pacifiste, de Gentioux " maudite soit la guerre".

On peut enfin donner quelques explications aux enfants sur la symbolique utilisée sur notre monument :

L'obélisque tout d'abord qui sera le monument le plus érigé car  peu onéreux, celui-ci étant fait en série.

Les lauriers, symbole de la victoire , les palmes, symbole honorifique par excellence et le rameau d'olivier symbole de la Paix recouvrée.

C'est le moment  également d'expliquer l'épitaphe " A la mémoire des enfants......". Pourquoi le mot enfant est-il utilisé ici ? Quel en est le sens ?

Certains enfants ont remarqué que sur chaque tombe figurait une représentation de "la médaille militaire" autre symbole récurrent  des monuments aux morts de la première guerre mondiale.

D'autres ont noté la présence de la cocarde tricolore "comme sur les avions" dira l'un deux passionné par tout ce qui touche à 14/18. Je  tente de leur expliquer alors que la cocarde est là pour identifier les tombes des soldats morts pour la France et qu'elle a été apposée par une association "Le Souvenir Français" qui a en charge l'entretien et la préservation de ses tombes. Ces tombes ne peuvent être "en théorie" être relevées.

Ce jour, nous avons fait de l'histoire concrète qui vaut bien mieux parfois que de longs discours.

Mais bien des questions restent posées. Pourquoi ces monuments ? Pourquoi tous ces morts ? Et on ne peut pas faire l'impasse sur quelques explications qui passent par l'étude de  documents simples et concis sur  ce conflit qui fit plus d'un million de morts côté français.

J'ai prévu de poursuivre cette activité en demandant aux élèves de rechercher quelques noms de poilus qu'ils ont relevés sur le site "Mémoire des Hommes" histoire d'en savoir un peu plus sur eux.

Pourquoi ne pas demander également leur acte de naissance à l'Etat Civil ?

Nous devrions conclure ce travail en effectuant en fin d'année une sortie au Mémorial de Péronne et visiter les champs de batailles de la Somme.

 

 

 * ONAC : Office National des Anciens Combattants

 

 

 


12/11/2019
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Hommage

a guerre terminée, les instituteurs revenus de l'enfer sont partagés entre la joie de la victoire, la dénonciation de certaines injustices et le devoir de mémoire.

 

Dès 1914, le souci mémoriel se manifeste et le ministre de l'Instruction Publique demande aux recteurs d'académie d'ouvrir le Livre d'or de l'Université dans lequel seront inscrits "les noms de ceux qui accompliront des actions d'éclat ou qui verseront leur sang pour la Patrie"*

 

A l'issue de la guerre, des Livres d'Or seront publiés à l'initiative soit des inspections académiques , soit à l'initiative des amicales professionnelles. Ce sont des centaines de Livre d'Or qui seront édités mais ce document n'est pas pour autant l'apanage des instituteurs et on trouvera d'autres livres d'or pour d'autres corporations.

 

 

Le contenu de ces livres d'or est donc très variable. On y trouvera outre le nom de l'instituteur, la photographie accompagnée d'une notice biographique plus ou moins complète.

 

Ces livres d'or peuvent être consultés en sous-série 1T des Archives Départementales ou bien dans le bibliothèques des anciennes Ecoles Normales devenues aujourd'hui INSPE*

 

Alors que les 36 000 communes de France se couvrent de monuments aux morts, l'idée de rendre hommage spécifiquement aux instituteurs morts au champ d'honneur en érigeant un monument à cette corporation voit peu à peu le jour. Rappelons que c'est 22% des instituteurs mobilisés qui décèderont lors de ce conflit bien plus que la moyenne nationale. Et ce seront les listes publiées dans le Livre d'Or qui serviront de base à l'élaboration des monuments aux morts.

 

Monument aux morts de l'Ecole Normale d'Arras (62)

 

Et ce sont là encore les associations professionnelles qui seront  à l'origine des projets et de la souscription, projets cautionnés et soutenus par les autorités académiques.

 

On peut encore voir aujourd'hui ces monuments dans les enceintes des anciennes Ecoles Normales devenues depuis IUFM puis INSPE aujourd'hui. La fermeture des anciens bâtiments d'Ecole Normale au profit de nouveaux bâtiments plus fonctionnels ont parfois obligé les autorités de tutelles à déplacer les dits monuments.

 

Un comité d'honneur composé de personnalités comme Paul Painlevé, Émile Combes, Maurice Barrès, ou Ferdinand Buisson voit le jour et aura la charge de veiller à la réalisation d'un monument national en l'honneur" des instituteurs morts pour la patrie". Ce  monument prevu pour être érigé devant l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud ne verra malheureusement jamais  le jour.

 

Paralèllement, le ministère incite les instituteurs des écoles dont un des maîtres est tombé au champ d'honneur à donner le nom de celui-ci à une des salles de l'école.

 

Les communes ne sont pas en reste, et c'est parfois l'école tout entière qui se voit "baptiser" du nom de l'instituteur devenu héros local.

 

Là aussi les associations et amicales professionnelles sont à la manoeuvre et on ne compte plus  les plaques commémoratives apposées  sur les murs des écoles.

 

 

L'administration  veut également honorer également ses instituteurs et en 1918, le Ministère de l'Instruction publique fait frapper des médailles Elle sont remises à titre posthume pendant une cérémonie solennelle devant tous les enfants de l'école. L'inspecteur primaire y prononce même l'éloge du maître disparu et lla médaille prendra place au dessus de l'estrade  foulée avant guerre par celui qui n'est plus !

 

 

 

* Instituts Nationaux Supérieurs du Professorat et de l'Education. 

 


11/11/2019
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